Fertilisation et suivi dynamique de l’azote, J-B. Lozier et B. Omon

 

Dans cette vidéo, Jean-Bernard Lozier, agriculteur en grandes cultures dans l’Eure (Normandie), revient sur son parcours et les étapes de transition qui l’ont menées à son système actuel. Il raconte notamment :

  • son installation et l’évolution de sa ferme vers une réduction du travail du sol et de l’utilisation des produits phytosanitaires

  • sa vision systémique

  • la mise en place du suivi dynamique de l’azote et la méthode Appi-N

Installation et évolution

Installé dans les années 90, il a essayé pendant 5 ans de pratiquer le semis direct, avec une déception liée à l’augmentation de son utilisation de produits phytosanitaires. En 2000, il intègre alors un groupe de réflexion lancé par Bertrand Omon, agronome à la Chambre d’Agriculture de l’Eure. Ce groupe lui permet de réfléchir sur son système global, et mettre en place différents leviers pour atteindre ses objectifs. Le levier principal a été la diversification et l’allongement de sa rotation. Passant d’une rotation colza – blé – orge d’hiver à l’intégration de féverole de printemps, du lin oléagineux et textile et de l’orge de printemps pour casser les cycles des bioagresseurs. Il a ainsi réduit l’utilisation de ses produits phytosanitaires. Le décalage des dates de semis a été un levier supplémentaire, avec par exemple des semis de blé plus tard, au mois de novembre.

Système actuel

Aujourd’hui il a 11 cultures différentes, qui se succèdent selon l’ordre suivant : lentille – colza – orge de printemps – lin textile – blé – pois ou féverole – blé – sorgho ou maïs – orge d’hiver.

Il essaye de faire des semis d’automne sans labour avec uniquement un travail superficiel du sol, et sans glyphosate. Systématiquement après récolte de chaque culture, il sème un couvert diversifié (phacélie, tournesol, trèfle, etc.). Dans l’objectif de réduire au maximum l’utilisation d’herbicide chimique, il réalise un désherbage mécanique sur ses cultures de printemps.

Suivi dynamique de l’azote – Méthode Appi-N

Il effectue un suivi dynamique de l’azote, ce qui lui permet de différer les apports azotés et de réduire les quantités pour amener la juste dose. L’objectif est de réduire et d’optimiser les apports d’azote, afin que chaque unité apportée soit utilisée par les plantes, et non perdu dans l’air ou par lessivage.

En moyenne aujourd’hui, il apporte 80 unités d’azote sur ses blés, mais c’est variable en fonction des parcelles. Ainsi, il a apporté 40 unités d’azote sur un blé qui a fait 80 quintaux en 2023.

Grâce à cette méthode, le solde d’azote entre les apports et les exports par les plantes récoltées est nul chez cet agriculteur.

En pratique

Le principe est de venir pincer les feuilles de la culture à l’aide d’un appareil dédié qui mesure la chlorophylle pour apprécier la carence en azote dans la plante. Le taux de chlorophylle est l’indicateur intermédiaire qui permet de connaître le statut azoté de la plante. Dans une parcelle, il faut réaliser environ 30 mesures afin d’avoir une valeur moyenne. Ensuite, à l’aide d’un abaque qui prend en compte la date et le stade de la culture, l’agriculteur obtient une indication de fertilisation.

Cette méthode est un outil qui doit aider l’agriculteur dans sa gestion de la fertilisation, mais c’est toujours l’agriculteur qui prend la décision finale, en fonction aussi d’autres facteurs qui entrent en compte (météo, objectifs, état de la culture, emploi du temps, etc.).

Jean-Bernard Lozier fait aussi des mesures de reliquat azoté (12 reliquats réalisés chaque sortie d’hiver). Aujourd’hui, il a entre 13 et 30 unités d’azote en moyenne. Des pesées avec la méthode MERCI lui permettent également de connaître la restitution de ses couverts végétaux.

Pour en savoir plus sur la méthode Appi-N : https://agronomie.versailles-grignon.hub.inrae.fr/productions/outils-et-modeles/appi-n