Cédric Cabrol, agroécoclimatologue, nous présente comment en tant qu’agriculteur on peut avoir un impact sur le climat. Il aborde les points suivants :

– les constats concernant le changement climatique en lien avec l’agriculture

– le fonctionnement dynamique du climat

– le lien entre occupation des sols et climat

– les solutions qui peuvent être mises en place

Pour chaque degré supplémentaire de réchauffement global, c’est 7% d’eau supplémentaire nécessaire.

Lien plante – climat

Par satellite, il est possible d’observer la photosynthèse et l’évapotranspiration des plantes, en lien avec la présence de certains types de nuages. Les plantes, de par l’évapotranspiration augmentent l’humidité de l’air, ont ainsi un rôle important dans la création des nuages gris. Ces derniers sont situés proche du sol, et permettent d’en faire diminuer la température. A l’inverse, dans un air sec, les nuages formés, appelés ici « nuages blancs », sont plus éloignés du sol et augmentent les températures.

Occupation des sols et climat

Les pratiques agricoles qui favorisent les prairies et le bocage augmentent le taux de photosynthèse, alors que l’agriculture conventionnelle, qui ne favorisent pas des pratiques de couverture des sols, la réduisent.

Cédric Cabrol nous montre des images des températures de surfaces en France, qui ont été mesurées par satellite (thermomètre laser). Les zones les plus froides, comme les zones de montagne, correspondent aux zones les plus aptes à stocker l’eau. Les points chauds sont les villes, mais pas uniquement : dans les plaines, on retrouve de nombreuses zones « chaudes ». Ce sont des zones sans forêt ni prairie, et elles correspondent aux zones où il pleut le moins. On observe donc un transfert de précipitations vers les zones froides, c’est-à-dire à forte couverture végétale.

Cela s’explique par le fait que les zones froides sont propices à la condensation de l’eau. La condensation forme du vide (car l’eau liquide occupe un volume plus petit que la vapeur d’eau), et donc une dépression : les nuages des zones chaudes ont donc tendance à être attirés par cette dépression. A l’inverse, les zones chaudes ont tendance à repousser les nuages.

Les solutions : les plantes peuvent avoir un impact sur le climat

L’infiltration de l’eau est un point très important dans le contexte de changement climatique et d’augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse. Quand le sol est compacté, on perd la microporosité et jusqu’à 40% de la réserve en eau du sol. Avoir des pratiques agricoles qui maintiennent une bonne structure du sol et évite la formation de semelles de labour est indispensable pour conserver une bonne infiltration de l’eau.

Dans les solutions proposées, il y a la mise en place de barrages dans les fossés, ce qui permettrait à l’eau de stagner un peu plus et donc lui laisser le temps de s’infiltrer.

Pour améliorer la conductivité climatique, Cédric Cabrol présente le projet de l’autoroute de la pluie : planter des arbres d’urgence pour rétablir la continuité hydraulique verticale, augmenter la captation de rosée, limiter l’évaporation et augmenter le volume des précipitations. Concrètement, l’idée serait de relier le pays basque au massif central par un continuum de végétation.

Le paulownia est un arbre intéressant dans ce contexte d’urgence : il ne consomme que très peu d’eau, il fixe l’azote, et peut créer des synergies avec les cultures. Il est également compatible avec la mécanisation car il pousse très droit, et peut être valorisé en aluminium du bois, isolant ou biochar. Le coût est de 6,5€ le plant, et il ne demande pas beaucoup d’entretien (3 coupes en 30 ans).

Une expérimentation faite par Hubert Charpentier sur 20 ans a permis de comparer une modalité en semis-direct et couvert végétal permanent avec une modalité en Techniques Culturales Simplifiées (TCS). Les résultats montrent que le TCS fait moins en moyenne 20 % de photosynthèse que le semis-direct.

Enfin, Cédric Cabrol propose de jouer sur l’albédo pour augmenter la pluviométrie, et de l’améliorer par l’épandage de paille broyée.

Retrouvez Cédric Cabrol sur sa chaîne Youtube : https://www.youtube.com/@cedriccabrol2

 Ce webinaire vous est proposé par le Centre National d’Agroécologie : https://centre-national-agroecologie.fr/